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Jews of the Somme

Être Juif dans la Somme

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RACHEL ET SA FAMILLE EN PHOTOS

View fullsize Rachel avec ses parents,  Marcelle et Juliette ses sœurs cadettes, et Jules son frère en 1903.
View fullsize Rachel et ses sœurs dans un orchestre et chorale au kremlin (Paris). Elle est la 2eme au premier plan en partant de la gauche.
View fullsize Rachel, violiniste, sans date.
View fullsize Rachel Zimmann, femme en premières noces de Georges Rumilly.
View fullsize Georges Rumilly, depuis le 22 juin 1921, le premier mari de Rachel.
View fullsize avec sa famille : de droite à gauche 1) Rachel 2) sa fille Jeannine, 3) son gendre avec Mireille sa plus jeune petite fille 4) mon grand père Roger avec l'aînée des petites filles de Rachel, Michelle.
View fullsize devant la voiture,de droite à gauche 1) Rachel 2) ? 3) Roger son fils 4 ) son gendre, 5) tout à gauche ,: le beau père de Jannine.
View fullsize Georges Rumilly militaire avec son frère qu'il entoure de son bras.
View fullsize Après son divorce, Rachel s'est remariée le 11 juillet 1942 avec le photographe Eugène Léon-Joseph Hubault.
View fullsize La mère de Rachel, Esther Schargrod, originaire de Varsovie, sans date précise

Rachel Zimmann, fille d’immigrés de l’Est, naquit à Paris le 20 mai 1899. Ses parents, Isräel Zimmann et Esther Schargrod, furent casquetiers. Rachel était l’ainée d’une nombreuse fratrie, dont plusieurs étaient comme elle des musiçiens accomplis. Elle épousa un musicien Georges Rumilly le 22 juin 1922 “après s’être présentée et avoir postulé [selon un récit de famille] pour un orchestre de femmes à l’Olympia, un bar-brasserie à Amiens que Georges Rumilly avait monté.” Rachel accepta le catholicisme, religion de la famille de son conjoint, et fut baptisée à l’église paroissiale de Sainte-Anne. Ses enfants, Jeanne et Roger Rumilly, le furent également. Pendant les années 1930, Rachel donnait des leçons de violon. Son frère Daniel Zimmann, musicien [de jazz, selon sa famille] a résidé également à Amiens pour une periode selon l’Annuaire de la ville de 1938. Georges et Rachel Rumilly divorcèrent en 1941. Le 11 juillet 1942, Rachel s’allia au photographe Eugène Léon-Joseph Hubault, son époux au moment de sa déportation.

Pour l’histoire tragique de l’arrestation de Rachel dans la rafle du 4 janvier 1944 à Amiens et l’histoire de sa déportation, voir plus bas et à la page sur la rafle. Nous remerçions Mme Emilie Rumilly et sa famille sincèrement pour nous avoir confié ces précieuses photographies et nous avoir partagé leurs recherches et leur unique temoignage. Aussi pour avoir donné leur permission de les mettre en ligne sur ce site.

Tuesday 05.13.25
Posted by David Rosenberg
 

LUCIENNE DHAINE SPEELMAN, DÉTENUE À LA PRISON MILITAIRE D'AMIENS EN 1943 : UN MYSTÈRE

communication téléphonique  

Sicherheitspolizei Kommando - St Quentin 

à Monsieur l'Intendant de Police à St. Quentin le 28 août 1943

La famille SPEELMAN, vers 1938. (sites généalogiques, myheritage, prise d’écran, mars 2025)

Objet: Transfert de juifs au camp de détention de Drancy

La juive DHAINE SPEELMAN, Lucienne, née le 12 juillet 1912 à Amsterdam (Hollande), détenue à la prison militaire d'Amiens (section des indigènes), est à conduire immédiatement au camp de Juifs de Drancy.

Je vous prie de m'adresser un compte rendu d'exécution.

signé Commandant Westphal

source: Archives nationales, Pierrefitte, AJ 38/5076 micro image #597

La photo (ci-dessus) de la famille Speelman fut prise à Amsterdam probablement vers 1938. Lucienne Dhaine Speelman faisait partie de cette famille, étant l'enfant aînée, mais elle n'était pas présente lors de la prise de la photo. Son père Samuel Speelman, né à Amsterdam en 1886 y était, tout à droite, et sa mère Jeanne Marie Speelman Hellendall, née à Liège en 1889, assise au centre. Les sœurs et frères de Lucienne entourent Mme Speelman: Irma Andrié Jeannette, née le 18 juin 1930 à Wenduine, Belgique à sa gauche; Jean, né le 26 juin 1927 à Bry sur Marne, et Claudette Jeanne Speelman née le 23 octobre 1931 à Jette, Belgique. Tout à gauche, debout, Alexandre Speelman, également un frère de Lucienne, né le 14 mai 1914 à Luik (Liège) en Belgique, sa femme Eef Kat, née en 1915 à Enschede, Overijssel, Nederland, et un enfant non identifié dans les bras de celle-ci.

En septembre 1943, au moment où le Sicherheits Commandant insista sur le transfert de Lucienne Dhaine Speelman à Drancy, tous ceux qui sont sur la photo, sauf Eef Kat et l'enfant dans ses bras, étaient décédés. Alexandre, mécanicien, fut déporté de Pithiviers à Auschwitz le 17 juillet 1942 (convoi no. 6) et y mourut le 27 août 1927; Samuel Speelman, Jeanne-Marie Hellendall, et leurs trois jeunes enfants furent déportés du camp de Westerbork en Hollande et furent tous assassinés le 19 octobre 1942 à Auschwitz-Birkenau.

En 1943 Lucienne était donc l’une des rares survivantes de cette branche de la famille. On connaît malheureusement peu de choses sur sa biographie:

Née Lucienne Marguerite Speelman le 12 juin 1912 à Amsterdam.

Recensée avec sa famille en 1927 sur l'état civil de Bry sur Marne.

Mariée avec Louis Albert Emile Joseph Dhaine à Schaerbeek Bruxelles le 22 août 1931.

Mère d'un fils par ce mariage, Jacques Denis Louis Dhaine, né le 11 septembre 1931 à Schaerbeek.

Réside en 1934 au 39, rue Perceval, Paris 75056.

Pourquoi et comment Lucienne se retrouva à la prison militaire d'Amiens en 1943 reste un mystère.
On aurait pu déduire des documents que l'ordre de transfert à Drancy aurait dû être exécuté tôt après le 21 septembre 1943. C'est à cette date, que furent transmis les instructions du Préfet de la Somme au commandant de la gendarmerie de la Somme de procéder au transfert. Mais c'est aussi à cette date que la correspondance du dossier "Dhaine" dans la sous série AJ 38 se termine. Et c'est assurément étrange qu' il n'y ait aucune preuve aux archives du Mémorial de la Shoah de la présence de Lucienne Marguerite Dhaine Speelman au camp de Drancy ni de sa déportation. Son mari et son fils ont survécu à la guerre (étaient-ils catholiques?), et ils ont vécu longtemps après. Mais en ce qui concerne Lucienne, on ignore ce qu’elle est devenue. En outre, nous n’avons retrouvé aucun avis de décès.

Sources: sites généalogiques Geni et Myheritage; Arch. Nat. AJ 38 5076-78 (micro) #596-597; 1341-1359 (dossier "Dhaine"); Déportation d'Alexandre Speelman, Mémorial de la Shoah en ligne. La profession d’Alexandre sur le site du Mémorial est “mecanicien” mais sur un des sites généalogique c’est “commerçant” “négociant.” Eef Kat a survécu et s’est remarié. La date de naissance de Lucienne figurant dans l’ordre du Commandant est inexacte. Elle naquit le 12 juin 1918 et non le 12 juillet.


Tuesday 04.01.25
Posted by David Rosenberg
 

L'ARRESTATION DE RACHEL HUBAULT, 44 ANS, LE 4 JANVIER 1944, EN PRÉSENCE DE SON FILS

Photo de famille, sans date précise, vers 1937-38?. Rachel Hubault est à droite. Roger Rumilly, son fils, 11-12 ans ou env., le troisième depuis la droite. Collection privée, avec permission d'Emilie Rumilly.

39 Bd Thiers, devenu Bd des Fédérés (si les numéros n'ont pas changé), l'adresse officielle de Rachel Rumilly et de Léon Hubault et le lieu de son arrestation, selon sa famille. Source: Google maps et Emilie Rumilly.

ROGER RUMILLY avait dix-huit ans lorsque sa mère a été arrêtée.

Son récit, communiqué à ses enfants et petits enfants vers la fin de sa vie, est le suivant:

« Il était 6 heures du matin. Quand les gens qui venaient arrêter ma mère ont sonné, j'ai pensé que c'était pour me mettre une amende à cause de la lumière que j'avais laissé allumée dans le couloir. Ils étaient une dizaine, dont un type de l'agence anti-aérienne (je ne sais pas ce qu'il faisait là !) et un SS. Le SS m'a donné deux baffes et m'a mis debout contre le buffet, les mains en l'air. A côté de moi, sur le meuble, ils ont posé la liste des personnes qui devaient être arrêtées ce matin là, ma mère était la première de la liste. J'ai reconnu deux noms de personnes qui habitaient à côté de chez ma mère. Pendant ce temps-là, ils ont ordonné à ma mère de s'habiller. Elle a juste eu le temps d'enfiler un imperméable sur sa chemise de nuit et puis ils l'ont jetée dans le camion.

Je suis alors sorti de ma maison précipitamment, j'ai couru dans l'obscurité pour prévenir les deux familles de la liste dont j'avais mémorisé les noms. En chemin je me suis cogné dans une flèche en béton, une de celles qui indiquait les abris pour les bombardements. Je me suis mis à saigner. Le premier chez qui je me suis arrêté lui a dit que les Allemands l'avaient arrêté et l'avaient déjà relâché une fois et qu'il ne partirait pas de chez lui. Il s'agissait de M. Louria, lui et sa fille enceinte ont été arrêtés et déportés dans le même train que ma mère. Le second, M. Haïta, a claqué la porte d'entrée dès que je l'ai informé et il est parti sans prendre aucune affaire. Sa femme d'ailleurs a été arrêtée et s'est évadée par la suite. » *

  • Note de DR. Léon Louria, Président de l’Association Cultuelle Israélite de la Somme, fut arrêté le 17 juin 1942 par des militaires allemands et condamné par un tribunal militaire à deux ans d’internment au Camp de Doullens, pour ne pas avoir porté l’étoile jaune “de façon reglementaire.” Il fut relâché en 1943 après plus d’une année d’internement. Le bébé que portait Renée Ponthieu Louria naquit à Auschwitz et fut assassiné ensuite par un médecin du camp. Renée survécut. Par contre, son père, Léon Louria, mourut à Auschwitz. La quasi-totalité des gens raflés le 4 janvier à Amiens et les jours suivants, y compris les Louria, furent déportés par le convoi no. 66 du 20 janvier 1944 de Drancy à Auschwitz. Rachel Hubault, par contre, fut déportée par le convoi no. 67 du 3 février et fut assassinée le 8 février. (voir http://www.jewsofthesomme.com/1944-rafle-january-49 )

  • La famille Haïta, Juifs de Turquie, est connue à Amiens depuis les années 1920 ou du début des années 1930. Elle se rendit à Paris en 1941, 75 Bd Voltaire. Le père Nissim Haïta fut arrêté à Paris et mourut de maladie à Drancy. Son fils, Isaac, né en 1924, était encore en vie en 1944. Il mourut à Amiens le 4 juin 1945 et fut enterré à Paris le 8, juin 1945 selon un site généalogique (Filea), mais je n’ai aucune preuve qu’il se trouvait à Amiens au moment de la rafle. Le souvenir de Roger Rumilly est très précis mais je n’ai pas plus de détails sur l’identité de l’homme qu’il a aidé à échapper à la rafle, ni sur celle de son épouse.

Wednesday 03.12.25
Posted by David Rosenberg
 

«JE SUIS L'ARRIÈRE PETITE FILLE DE RACHEL ZIMMANN HUBAULT»

Une photo de famille prise, semble-t-il, peu de temps avant l’arrestation de Rachel. Mère et fils sont imagés. De droite à gauche 1) Rachel 2) sa fille Jeannine, 3) son gendre avec Mireille, sa plus jeune petite fille 4) son fils Roger Rumilly (futur grand père d'Emilie Rumilly) avec l'aînée des petites filles de Rachel, Michelle. Collection privée avec la permission d'Emilie Rumilly. Personnages identifiés par Madame Rumilly.

«Je suis l’arrière petite-fille de Rachel Zimmann Hubault dont l’histoire est contée dans votre passionante exposition. Elle m’a permis de compléter le récit écrit de mon grand-père Roger Rumilly, son fils, présent lors de l’arrestation de Rachel.»

Ce message de Mme Emilie Rumilly, trouvé il y a deux semaines dans ma boîte mail, m'a beaucoup interpellé. J'avais mis des documents concernant l'histoire dramatique de Rachel Hubault, ex-Rumilly, sur la page relative à la rafle du 4 janvier 1944.* J'en avais discuté aussi dans une courte vidéo faite avec le Holocaust Center de Pittsburgh.** En y réfléchissant je me suis souvent demandé comment son époux, ses enfants, ses proches avaient vécu la tragédie de son arrestation et de sa déportation? 

Le mail d’Emilie Rumilly, cité ci-dessus, évoquait la présence de son grand-père, Roger Rumilly, 18 ans à l’époque, sur le lieu et au moment de l'arrestation. Mme Rumilly m'a depuis envoyé un texte qu’elle a écrit tiré du récit oral de son grand-père à la fin de sa vie ainsi que des recherches généalogiques qu’elle avait menées. L’important récit oral traite de l’arrestation de Rachel et des démarches désespérées que Roger Rumilly avait entrepris pour essayer de la libérer.***

Notes: 

*  http://www.jewsofthesomme.com/1944-rafle-january-49

** https://www.youtube.com/watch?v=POfd_wMXmTY&t=9s (anglais)

*** Le récit de l’arrestation est à suivre. Le nom de famille de Rachel s’écrit quelquefois “Zinmann” sur certains documents de l’Occupation, mais le nom de record comme sur les actes de mariage et de naissance est “Zimmann.” Je remercie Mme Rumilly pour avoir reconnu la distinction.

Wednesday 03.05.25
Posted by David Rosenberg
 

D-DAY : JUNE 7, 2024. WE REMEMBER AND SALUTE OUR FATHERS

On the occasion of the 80th anniversary of D-Day, we pay tribute to Sgt Maurice Rosenberg and First Lieutenant Jack R. Dodson, of the U.S.Army and U.S. Army Air Corps, who took part in the Liberation of Europe from Nazi tyranny. We are proud of their service to the Allied cause as the spirit and sacrifice of so many are commemorated on this solemn day.

Thanks to Jack R. Dodson, Jr, Kathy Dodson Goss, and Davant Dodson-Rosenberg for permission to use photos and documents from their father's wartime scrapbook. .

American servicemen Carl Adickman and Maurice Rosenberg (right) at a French Hunting Lodge near their bivouac south of Rozay-en-Brie, 10 September 1944. . Courtesy of David Rosernberg and Dr. Richard Rosenberg. More information to follow.

First Lieutenant Jack R. Dodson (front row right) shown with fellow crew members. First Lt. Dodson piloted 25 successful bombing missions into Italy and Yugoslavia before his B-26 was shot down on February 4, 1945 over the Brenner Pass. He was a prisoner in a German POW camp until April 29, 1945, when the camp was liberated . Photo: Date and place unspecified, possibly Corsica?. From his WW II Scrapbook courtesy of his family. More information to follow.

Wednesday 06.12.24
Posted by David Rosenberg
 

UNE LETTRE DE ROSA MAUNER, RÉFUGIÉE JUIVE À AMIENS EN 1939

Première page, lettre de Rosa Mauner à Hersh Fenster, Musée d'Art et d'Histoire du Judaïsme, Paris.

J’aurais peut-être mieux aimé ne pas avoir vu cette lettre. Il est vrai que sa découverte a coïncidé parfaitement avec mes recherches sur les Juifs réfugiés de l’Est à Amiens dans les années 1939-40 et qu’elle m’a permis de résoudre un certain nombre de questions mineures que je me suis posé quant à la famille de Max Mauner, un des réfugiés venant de Vienne, confirmant que Rosa Mauner, son épouse et au moins une de leurs trois filles l’avaient accompagné lors de son bref séjour à Amiens. Néanmoins, cette lecture fut extrêmement pénible, associée comme elle l’était aux quelques éléments sur la famille que j’avais déjà recueillis.


La lettre se trouve maintenant aux archives et sur le site internet du Musée d’art et d’histoire du Judaïsme à Paris. Elle fait partie d’une série de correspondances de Hersh Fenster, qui, selon la description, fut secrétaire au Foyer Amical, 41 rue Richer 75009 Paris en 1939-40. En cette qualité, il était en relation avec “des réfugiés allemands ou autrichiens ayant fui Paris en 1939 en cherchant une assistance en Province”. La lettre, adressée à M. Fenster par Rosa Mauner est datée du 27 juin [1939] et correspond parfaitement au contexte.

« Ein grosses Unglück uns ist passiert » -  « Un grand malheur nous est advenu »

(Je résume à partir de l’orignal, écrit à la main, en allemand)  

Amiens 27.VI

Mon cher M. Fenster

La femme de ménage a par négligence versé de l’eau très chaude sur la personne de ma plus jeune fille âgée de six ans.  Elle est sérieusement blessée au niveau du visage et du torse.  Il faut qu’elle reste au lit, le médecin lui rend visite chaque jour, ses pansements doivent être constamment changés.  Les frais jusqu’ici ont été payés par le Comité [de Bienfaisance local] La petite souffre beaucoup. Vous m’avez aidé dans le passé, et je ne chercherais pas à vous solliciter encore une fois s’il ne s’agissait pas de mon enfant! Pouvez-vous contacter le Comité [à Amiens] - il est composé de gens de bien – et les encourager à continuer de nous aider? Je vous serais infiniment reconnaissante !

Rosa Mauner (signé)

Le séjour des Mauner à Amiens devait être de courte durée. Ni Max, recensé le 13 septembre 1940 à Amiens, ni sa famille étaient apparemment présents en octobre 1940 quand s’ouvrit “le registre des déclarations israélites.” Selon le Mémorial de la Shoah, Max, Rosa Mauner et leurs trois filles Felicitas, Julia et Liselotte (c’est cette dernière qui aurait subi le triste accident en 1939) demeuraient à Oradour-sur-Vayres (Haute Vienne) en 1942 et étaient internés dans un camp de concentration dans l’ Yonne (Rivesaltes ?) avant d’être finalement déportés par le convoi No. 26, le 31 août 1942 de Drancy à Auschwitz. Au jour de leur départ, Felicitas avait 18 ans, Julia 17 et Liselotte 10 ; Max Mauner avait 44 ans et Rosa Mauner 43 ans.

“Max Mauner” Liste des Ressortissants Allemands 13 septembre 1940, Archives municipale d’Amiens, 4H4 129.

Peu à peu les visages des réfugiés juifs qui se sont installés à Amiens commencent à apparaître. Il est important de noter le progrès, mais nous n’avons pas encore fini de faire de sombres découvertes!

Post-scriptum :

Une deuxième lettre de Rosa Mauner, datée du 12 Juillet, 1939 et postée d’Amiens le 22, se trouve également sur le site du MahJ. Dans cette lettre, Rosa Mauner écrit que les blessures de sa fille ne l’inquiètent plus ; elle exprime sa gratitude d’avoir reçu d’un certain Dr. Lachenberg le “Wäsche" (linge, vêtements) dont elle avait besoin, et elle remercie M. Fenster chaleureusement pour son aide.  L’adresse des Mauner à cette époque était 16, Place au Feurre à Amiens. Lorsque Max Mauner fut recensé en septembre 1940, l’adresse indiquée était 11, rue Pierre l’Hermite (voir image).

Notes:

- Lettres, Rosa Mauner à Hersh Fenster. Collection Hersh Fenster, Musée d’Art et d’Histoire du Judaïsme, Paris, 27 Juin 1939 AR 1524.15.21 ; 22 Juillet 1939 AR 1524.15.19 (avec envelope).

- Residence à Oradour-sur-Vayre; internement dans l’Yonne; date de déportation, numéro du convoi, dates et lieux de naissances, Memorial de la Shoah, Centre de Documentation Juive Contemporaine en ligne, recherche de personne “Mauner”



Thursday 03.07.24
Posted by David Rosenberg
 

DOROTHÉA (DORA) FRIEDMAN NÉE KATZENELLE ET IDA FRIEDMAN (suite du précédent article)

Le 4 septembre 1942, le convoi no. 28 partit de Drancy en direction d’Auschwitz. C’était le 27ème convoi depuis le début de juin, ayant chacun sa « cargaison » de juifs, en moyenne 1.000 pour chaque départ.  Les chambres à gaz étaient opérationnelles depuis juillet. 

Dorothéa (Dora) Katzenelle Friedman, détail

Parmi les 1013 déportés du convoi 28, se trouvait Dora FRIEDMAN, née KATZENELLE à Stanislau en Pologne, 42 ans, et avec elle Ida FRIEDMAN, âgée de 11 ans, née à Düsseldorf, le 2 avril 1931.* Il est vraisemblable que c’étaient une mère et sa fille.  La famille Katzenelle, originaire de Pologne, était en effet à Düsseldorf entre 1923 et 1925.  Dora est de toute évidence restée quand le reste de la famille se déplaçait (voir infra et la page « Refugees from the East ») et épousa un certain Monsieur Friedman. Ida aurait vraisemblablement été le fruit de cette union.

Quand Mme Lotti Halpern m’a envoyé la photo de la famille Katzenelle (voir infra), elle savait que ses arrières grand parents, Jacob et Charlotte Katzenelle, qui ont résidé un certain temps à Amiens, ont été déportés et assassinés à Auschwitz en février 1944 alors que leurs trois fils, y compris le grand père de Mme Halpern, qui tous figurent sur la photo, ont échappé à ce tragique destin en émigrant en Argentine dans les années 1930. Mais dans ce cas, qu’est-il arrivé à Dora, la seule fille de Jacob et Charlotte, qui figure également dans la photo de famille ? A-t-elle été victime?

J’ai fait la recherche, facile à faire, sur le site du CDJC et communiqué les résultats à Lotti Halpern.  Dora avait en fait été déportée avec la petite Ida, un enfant dont Mme Halpern n’avait jamais entendu parler.  Dora et Ida ne figurent pas non plus sur les recensements des Israélites à Amiens à côté de Jacob et de Charlotte. Mais la présence de Dora Katzenelle sur la photo, auprès de ses parents ainsi que la découverte de son destin et de celui d’Ida nous obligent à les inclure. Elles doivent être intégrées à notre mémoire des Juifs de la Somme.

Notes :

*J’emploie l’orthographe « Katzenelle » car c’est la forme que Jacob emploie dansles documents signés par lui à Amiens.  Les descendants ont laissé tomber le ‘e’ final !

**Dans la liste dactylographiée pour le convoi no. 28, on trouve Dora FRIEDMAN, née WIESEL et non Dora FRIEDMAN née KATZENELLE. Peut-on penser qu’elle était plutôt la sœur de Charlotte Katzenelle (née Wiesel) et non sa fille ? Mais sa naissance à STANISLAU, terre natale des autres Katzenelle, et l’absence de son nom parmi les frères et sœurs mentionnés pour WIESEL (voir Refugees from the East), ainsi que le fait qu’elle figure sur une photo par ailleurs dédiée à la famille restreinte, suggère qu’elle était bien la fille de Jacob et Charlotte mais qu’elle avait une raison, pour nous inconnue, vers 1942 d’essayer de supprimer sa relation aux Katzenelle en optant pour le nom de jeune fille de sa mère.  En tête de la liste du convoi, on trouve “Camp de Sens.” CDJC en ligne, accédé le 17/02/2024

Tuesday 02.20.24
Posted by David Rosenberg
 

JACOB ET CHARLOTTE KATZENELLE : UNE PHOTO DE DEUX MARTYRS DE LA RUE PIERRE L'HERMITE

Je suis heureux d’avoir été contacté récemment par Mme Carlota (Lotti) Halpern de Kansas City, Missouri. Mme Halpern m’avait téléphoné auparavant pour me dire qu’elle avait des photos de famille où figuraient ses arrières grands-parents Jacob et Charlotte Katzenelle.* Les Katzenelle étaient des réfugiés juifs en France, originaires de Pologne, puis d’Allemagne et d’Autriche,  résidant à Amiens entre 1938 et 1940. J’ai constaté,  selon un document du commissaire de police d ‘Amiens, que  le couple, en compagnie d’autres juifs réfugiés de l’Est, avaient été expulsés d’Amiens au début de décembre 1940 et furent chassés vers l’intérieur du pays. (voir pour plus de renseignements “Refugees from the East” http://www.jewsofthesomme.com/new-page ).

Je savais, d’après le Mémorial de la Shoah, que Jacob et Charlotte Katzenelle ayant survécu jusque là, furent alors arrêtés à Paris, Place du Danube dans le 19ème arrondissement aux alentours du 1er février 1944, date de leur incarcération à Drancy et furent déportés de Drancy à Auschwitz Birkenau le 3 février avec le convoi no. 67. A ce moment Jacob avait 73 ans, Charlotte 72.

La photographie communiquée par Lotti Halpern et publiée avec sa permission représente le couple entouré de leurs enfants, à une date située probablement entre 1915 et 1920. Les parents sont assis. Debout de gauche à droite figurent leurs trois premiers enfants : Dorothea (Dora), Heinrich, et Bernhard (Beno) Katzenelle,  tous nés à Stanislaw en Pologne, lieu natal de Jacob.  Au centre se trouve en costume de marin Karl Katzenelle né à Munich en 1905. Les identifications écrites accompagnent la photo telle qu’elle m’a été transmise par Mme Halpern.

Dans les années 1930, les trois fils Katzenelle émigrèrent en Argentine. Charlotte et Jacob restèrent à Vienne probablement jusqu’à l’annexion de l’Autriche par les Nazis. Ensuite, ils s’installèrent  en France, à Amiens, peut-être après un bref séjour à Paris.  Leur vie à Amiens ne nous est connue que de façon fragmentaire.

Archives National de France (micro)  bobine AJ 5072-75, image #4247

Ce document de la préfecture a été rempli par Jacob Katzenelle lui-même pour lui et Charlotte, le 23 novembre 1940, deux semaines avant leur expulsion d’Amiens. Il déclara qu’au cours de leur résidence dans la ville picarde, ils reçurent de l’aide financière de leurs enfants qui résidaient à Buenos Aires. L’adresse amiénoise mentionnée est le 6 rue Porion, qui semble également être la résidence permanente de Khanane et Taube (Grinfeder) Levine, mais les Katzenelle résidaient auparavant, au 11 rue Pierre l’Hermite.** Concernant cette rue-ci dans l’histoire de la Shoah à Amiens, voir en bas de cette page l’article de blog “Les Réfugiés Juifs dans la Somme : un devoir de mémoire non satisfait”. Bien qu’il y ait plusieurs fautes d’orthographe sur le formulaire qu’ils avaient rempli, on a l’impression que Jacob Katzenelle fut, avec une certaine modestie, fier de ses compétences linguistiques ainsi que de sa judéité.  Il “affiche” comme « nationalité » : « israélite ex- autrichien ». 

Qu’a vécu ce couple entre son expulsion d’Amiens en décembre 1940 et son arrestation à Paris en février 1944 ? On espère trouver plus de preuves.

* Le nom de famille s’orthographie de plusieurs façons : Katznell, Katzenell en sont deux autres. J’ai adopté “Katzenelle” parce que c’est la forme qu’il emploie lui-même sur les documents de l’époque.

** 11 rue Pierre l’Hermite est encore spécifié dans le “Registre des Déclarations Israélites” en octobre 1940 (voir la page “Compulsory Registration”).












Thursday 01.11.24
Posted by David Rosenberg
 

UNE RARE PHOTO DE FAMILLE: NISSIM ET GRASSIA HAÏTA ET LEURS ENFANTS

J’ai déjà écrit plusieurs petits articles de blog ayant rapport à Nissim Haïta, mort de maladie à Drancy le 23 mars 1942 à l’âge de 36 ans. (voir infra)

Avec la permission de Mme Lisa Vakil, arrière-petite fille de Nissim Haïta, nous mettons sur le site le scan d’une photo de famille, prise dans les années 1930 et actuellement en possession de la famille Vakil :

Nissim et Grassia Haïta née Saidon, son épouse, sont sur la photo à droite avec leurs enfants. Selon Mme Vakil Rachel serait la fille la plus à droit (dont j’avais ecrit un blog particulier) et Anna (la grand-mère de Mme Vakil), serait la plus à gauche parmi les jeunes filles.

Nous remerçions sincèrement Lisa Vakil et sa famille d’avoir permis d’inclure cette image sur le site www.jewsofthesomme.com 

Monday 10.30.23
Posted by David Rosenberg
 

LES RÉFUGIÉS JUIFS DANS LA SOMME : UN DEVOIR DE MÉMOIRE NON SATISFAIT

Cilly Affenkraut, réfugiée juive, avec sa fille Edith à Amiens, vers l'automne 1940. Elles habitaient 15, rue Pierre l'Hermite.  Collection privée.

«Liste des Ressortissants Allemands  [i.e. réfugiés juifs]» créé par l'ordre du Kommandant Allemand, et transmise à lui par le Maire d'Amiens, M. Debouverie, 13 septembre 1940.

Des six personnes listées au 11, rue Pierre L'Hermite, au moins quatre - le couple Jacob et Charlotte Katzenell (Wiesel), Max Mauner et Max Speth  -  furent déportés à leur mort à Auschwitz. Deux habitants du numéro 15 - Cilly Affenkraut et Irma Epstein (Berger) - l'étaient aussi, faisant que cette petite rue fut la plus mortelle de toute quant à la Shoah dans la Somme.

Arch. mun. d'Amiens 4 H 4 129 Cliquer ici

La ville d’Amiens et Amiens métropole, sous les mandats de Brigitte Fouré, la Maire, et Alain Gest, le Président, ont beaucoup oeuvré ces dernières années pour la commémoration du sort tragique des juifs pendant l’Occupation. Les actions exemplaires qu’ils ont menées ont été soulignées récemment au cours d’une présentation de Mme Nedjma Ben-Mokhtar, Adjoint au Maire, lors du Second Sommet des Maires contre l’Antisémitisme, le 1er décembre 2022, à Athènes.

En dépit de ces progrès, une partie importante de l’histoire juive à Amiens sous l’Occupation n’a pas encore reçue la reconnaissance qui lui est due.  Il s’agit de celles et de ceux que M. Lucien Aaron (lui-même survivant de la rafle du 4 janvier), avait nommés dans une liste après la guerre : les « Réfugiés dans la Somme». Il entendait par là les juifs qui ont fui l’Allemagne et l’Autriche nazies dans les années 1930. Un certain nombre d’entre eux sont arrivés à Amiens, souvent en passant par Paris, vers 1938 et ont reçu de l’aide du Comité de Bienfaisance de l’Association Cultuelle Israélite de la Somme. Cette aide devait également inclure un logement. Ainsi on vit beaucoup de réfugiés habiter l’une ou l’autre de deux adresses spécifiques : les numéros 11 et 15, Rue Pierre l’Hermite.  

A la fin de 1940 après deux ans de résidence les réfugiés furent expulsés de la ville par les autorités allemandes et par Vichy.  Certains se trouvaient dès lors à Paris, d’autres dans des camps de concentration du Loiret.  Une douzaine de ces malheureux devaient être par la suite arrêtées, envoyés à Pithiviers ou Drancy et déportés dans des wagons à bestiaux à Auschwitz où ils périrent. Pourtant, leurs  noms ne figurent  sur aucun mémorial public à Amiens, ni même sur la plaque à la mémoire des déportés, «A Nos Martyrs»,  installée à partir de juin 1948 dans les synagogues successives d’Amiens.

Le récent décès de Mme Edith Fuchs, fille d’une de ces réfugiés, m’a rappelé avec force leur sort collectif et le déficit de mémoire officielle qui existe à leur égard.

Statue de Pierre l’Hermite par Gédéon de Forceville (1854), près de la Cathédrale d’Amiens

Edith Fuchs naquit à Amiens le 3 mars 1940. Séparée de sa mère Cilly Affenkraut (photo ci-dessous), avant la déportation de celle-ci d’un camp de concentration, Edith fut adoptée par Simone et Maurice Lyon, un couple juif parisien aux ressources modestes. Elle est ensuite devenue normalienne, professeur agrégé de philosophie à Paris et auteur d’un livre magistral sur la corruption de la philosophie allemande par une idéologie partagée avec le nazisme.*  Elle est retournée à Amiens pour la première fois à l’invitation de la communauté juive en juillet 2011 pour la commémoration du Vel d’Hiv Place René Goblet au cours de laquelle elle a exprimé des remarques personnelles émouvantes.

Pour Cilly Affenkraut ainsi que pour tous les réfugiés je désire que leur noms soient affichés publiquement quelque part à Amiens ou qu’une rue soit baptisée ou rebaptisée à leur mémoire : «Rue des Réfugiés Juifs du Nazisme» par exemple ou sinon, aux noms d’Edith Fuchs et  de Cilly Affenkraut. A mon avis, il serait opportun que la rue Pierre l’Hermite, dans laquelle tant de réfugiés trouvèrent un asile (hélas temporaire), soit envisagée pour ce baptême.  Pierre l’Hermite,  prédicateur controversée de la fin du 11ème siècle, avait par ses sermons déclenché la Première Croisade, qui, selon les historiens, entraîna en premier lieu des massacres de nombreux Juifs -- femmes, hommes, et enfants -- dans les villes de la vallée du Rhin. Quelle ironie alors que les réfugiés juifs, voués à la destruction neuf siècles après,  aient habité une rue qui porte son nom ! 

Pour une liste des réfugiés, leur addresse à Amiens et leur sort, voir l’Annexe ci-dessous, 

* Edith Fuchs, Entre Chiens et Loups : Dérives politiques dans la pensée allemande du XXe siècle (Éditions du Félin, Paris, 2011)  

Pour plus de renseignements sur les réfugiés et leur familles et sur Cilly Affenkraut et Edith Fuchs http://www.jewsofthesomme.com/new-page  Pour quelques courtes vidéos sur les réfugiés http://www.jewsofthesomme.com/video-recordings

ANNEXE : LES JUIFS RÉFUGIÉS D’ALLEMAGNE ET D’AUTRICHE À AMIENS EN 1940 ET LEUR SORT : LISTE SOMMAIRE

AFFENKRAUT Cilly, 15, rue Pierre l’Hermite, née le 19 février 1909 à Leipzig (Allemagne), MORTE EN DEPORTATION, Convoi No. 6, 17 juillet 1942, Pithiviers à Auschwitz

AFFENKRAUT Edith, enfant, 15, rue Pierre l’Hermite, née le 3 mars 1940 à Amiens, SAUVÉE

REICHENBACH Liliane, enfant, 15, rue Pierre l’Hermite, née le 1 août 1937 à Paris, SAUVÉE

BECK Israel Herman, 11, rue Pierre l'Hermite, né le 8 juin 1889 à Vienne, célibataire, On ne voit pas qu’il a été deporté.

BLUMENFELD Ervin, 11, rue Pierre l'Hermite, né le 11 août 1905 à Vienne, célibataire. On ne voit pas qu’il a été deporté.

BRULL Julius 46, rue Le Nôtre, né le 27 avril 1882 à Vienne, éditeur (“Herausgeber”) MORT EN DEPORTATION, Convoi No. 57, 18 juillet 1943, Drancy à Auschwitz Date d’arrivée à Amiens incertaine

BRULL-LAUTERBACH Eléanor 1, rue Henri Daussy, puis 46, rue Le Nôtre, née le 23 avril 1899 à Brasso (Roumanie) On ne voit pas qu’elle a été déportée.

EPSTEIN née BERGER Irma, 15, rue Pierre l’Hermite, divorcée, née le 9 novembre 1894 à Vienne, MORTE EN DEPORTATION, Convoi No. 40, Drancy à Auschwitz

KAMMERMANN Paul 29, rue Blasset à Amiens, divorcé, mécanicien, né le 10 juin 1899 à Budapest DÉPORTÉ RENTRÉ Convoi No. 32, Drancy à Auschwitz

KATZENELLE Jacob 11, rue Pierre l’Hermite, né le 2 fevrier 1871 à Stanislaw (Pologne), MORT EN DEPORTATION, Convoi No. 67, 3 février 1944, Drancy à Auschwitz

KATZENELLE née WIESEL Charlotte 11, rue Pierre l’Hermite, née le 4 mai 1871 à Zuranow (Pologne), MORTE EN DEPORTATION. Convoi No. 67, 3 février1944, Drancy à Auschwitz

KLEPETAR née STEINER Alice 18, rue Duthoit, née le 2 février 1892 à Vienne MORTE EN DEPORTATION, Convoi No. 7, 19 juillet 1942, Drancy à Auschwitz

KOHN Michel (Misu), Amiens, puis Rubempré, médecin, né le 5 octobre 1909 à Bucharest (Roumanie), Expulsé du departement en decembre 1940, non déporté, rentré à Rubempre après la Liberation.

MAUNER Max, 11 rue Pierre l’Hermite, né le 21 septembre 1897 à Vienne, marié, MORT EN DEPORTATION, Convoi No. 26, 31 août 1942 Drancy à Auschwitz, avec sa femme Rosa et leur trois filles : Felicitas 18, Julia 17, et Liselotte. 10.

ROCHOCZ, Bernhard, 63, Chaussée St Pierre, né le 11 juillet 1878 à Volkmansdorf-bei-Leipzig, célibataire, On ne voit pas qu’il a été deporté.

SPETH, Max 11, rue Pierre l’Hermite, né le13 janvier1890 à Vienne MORT EN DEPORTATION, Convoi No. 40, 4 novembre 1942, Drancy á Auschwitz

STEINHART Kurt, 26 rue Debray, né le 19 décembre 1903 à Dresden (Allemagne) MORT EN DEPORTATION, Convoi No. 2, 5 juin 1942, Compiègne à Auschwitz

WOLKENSTEIN Alfred 18 rue Duthoit, manoeuvre, né le16 mars 1895 à Vienne MORT EN DEPORTATION, Convoi No. 12, 29 juillet 1942, Drancy à Auschwitz

Sources : "Liste des immigrants Allemands" Commissaire de Police, Chef de la Surété à Amiens. 10 septembre 1940, Archives municipale et communautaire d’Amiens (50 rue Riolen), 4 H 4 129; Registres des Declarations, AJ 38 5076 micro 568 à 573, Archives nationales de France et Archives Départementales de la Somme ; http://www.jewsofthesomme.com/new-page



Saturday 07.01.23
Posted by David Rosenberg
 

COMPLÉMENT D’INFORMATION CONCERNANT LA FAMILLE KAHN-CARCASSONNE

Cliquer ici Lettre de Fernand KAHN au Préfet, 4 juin 1942, AJ 38  5085 micro 2902

Il y a des questions qu’à la fin on regrette presque d’avoir posées.  Je me demandais  par exemple à quelle date exactement Fernand, Germaine et Paulette KAHN (voir l’article précédent) avaient quitté Amiens pour aller habiter au 40, rue Condorcet Paris 9ème, et qu’en était-il de cette adresse?

Le commerçant se trouvait à Amiens le 4 juin 1942 afin d’émarger pour les étoiles jaunes pour lui, son épouse et leurs trois filles.  Ce même jour il écrivit au Préfet de la Somme pour demander si l’on pouvait débloquer de son compte la mensualité qu’on lui avait accordée à la suite de l’aryanisation de son commerce rue des Trois Cailloux.  Au bas de la note il avait ajouté  « Fernand Kahn, réfugié actuellement chez Mr et Mme Carcassonne, 40 rue Condorcet Paris 9e » 

C’étaient semble-t-il des parents de sa femme Germaine (née Carcassonne) qui offraient ce refuge.  Le recensement de la population de Paris indique parmi les habitants  des appartements du 40 rue Condorcet en 1936 :

Émile CARCASSONNE, né à Nîmes, le 13 février 1893, tailleur [frère cadet probablement de Germaine, qui naquit également à Nîmes, le 7 décembre 1891]. Suzanne CARCASSONNE (née ?), son épouse, née le 28 aout 1904 à Paris et Michel CARCASSONNE, leur fils, écolier, né le 28 janvier 1932 à Paris 

Cliquer ici Fiche de fouille à Drancy.  Mémorial de la Shoah, en ligne

Nous apprenons grâce à la base de données du CDJC ce qui est tristement arrivé à cette petite famille. Tous les trois furent arrêtés en décembre 1943 et déportés par le Convoi No. 63, le 17 décembre 1943 de Drancy à Auschwitz.  Quatre mois plus tard c’était le tour de Fernand, Germaine et Paulette KAHN.  Les autorités donnent également pour les deux familles l’adresse du 40, rue Condorcet.  On ne sait pas pourquoi il se trouve qu’elles ont été arrêtées séparément. Quoi qu’il en soit c’est encore une illustration du fait que l’ampleur de la tragédie d’une famille dans la Shoah pouvait être plus importante que ce que l’on a d’abord cru.  Pour d’autres exemples voir  « Refugees from the East » 


Saturday 02.25.23
Posted by David Rosenberg
 

PAULETTE KAHN, AMIÉNOISE (8 août 1928 - 1944)

Nous n’avons aucune photographie de Paulette Kahn, fille de Fernand et Germaine Kahn, arrêtée avec eux à Paris et déportés ensemble à Auschwitz dans le Convoi No. 72 du 29 avril 1944.  Comme Cécile Redlich et Jeanine Khaïete, autres jeunes martyrs (mais pour lesquelles il existe des photos) elle avait été scolarisée à Amiens, et n’a quitté la ville qu’entre 1940 et 1942 pour aller habiter avec ses parents et ses sœurs 40, rue Condorcet dans le 9ème arrondissement de Paris.

Fiche de Drancy pour Paulette KAHN

Nous n’avons pas non plus de photos de ses parents.  Fernand, né à Paris dans le 4ème arrondissement en 1881 et Germaine née à Nîmes en 1891, étaient amiénois de longue date. Ils possédaient un commerce de confection pour dames, « la Spécialité Parisienne », rue des Trois Cailloux, sinistré au cours des bombardements de mai 1940.

Pourtant, si nous ne possédons pas de photos des Kahn nous avons quelques témoignages très marquants.  Il y a d’abord une lettre écrite par Fernand Kahn au Préfet de la Somme en juin 1942, demandant (en vain) une dérogation à la loi sur le port de l’étoile jaune. La lettre donne un portrait émouvant de cette famille, leurs valeurs, leur patriotisme. (Voir une transcription à http://www.jewsofthesomme.com/new-page-3 )

Puis, Paulette Kahn est mentionnée à deux reprises dans une interview vidéo faite par le Mémorial de la Shoah en 1974 avec Jacques Goldstein, un des survivants du Convoi No. 72. Goldstein, avec son épouse, se trouvaient dans le même wagon à bestiaux que Fernand, Germaine, et Paulette Kahn. Cette dernière, qui avait près de 16 ans, a marqué profondément sa mémoire. 

Lorsqu’on lui a demandé pendant l’interview de qui il se souvenait dans le wagon, Jacques Goldstein a d’abord fait remarquer simplement qu’il y avait “Paulette Kahn, avec son père et sa mère”.

Mais, un peu plus tard dans l’interview, en racontant le moment où le convoi entra à Auschwitz, il dit ceci :

« A l'intérieur du wagon c'était le chaos, c'était épouvantable. C'était “À boire ! Soif !” Il n’y avait rien. Il y avait l'histoire de cette tinette qui empestait et il y avait ce... une sorte de chape de plomb. On était là, pas allongés puisque nous on avait un coin de... une paroi... Bref, c'était affreux, tout ce voyage… [serrés ?] … Alors je revois tous ces... Je revois cette petite Paulette Kahn, une gamine, elle avait seize ans, elle s'est mise en maillot de bain ! ça paraît idiot... je.. [et ensuite Jacques Goldstein se frappe le front avec son poing comme si ce souvenir était excessivement douloureux] Des choses... invraisemblables ! Une aut' chantait. Une aut'... Et jusqu'au moment où les wagons se sont ouverts » .

L’interview complète est accessible sur le site du Mémorial de la Shoah en cherchant Paulette Kahn ou Jacques Goldstein. La première fois où il est fait mention de Paulette Kahn se situe aux environs de 1:06:37 et la deuxième aux environs de 1:13:57 de l’interview.

Mes remerciements à Mme Sophie Laure Zana qui m’a beaucoup aidé pour la transcription de l’interview.  

J’ai fait un petit discours en vidéo sur Paulette Kahn en anglais pour  l’Holocaust Center of Pittsburgh. Voir Part 6 : « Those with no photograph »  http://www.jewsofthesomme.com/video-recordings/









Saturday 12.10.22
Posted by David Rosenberg
 

NOUVELLES PHOTOS DE LA FAMILLE ROMANO A CAYEUX-SUR-MER AVEC LE COMMENTAIRE D'IRÈNE TENÈZE

La famille ROMANO, originaire de Salonique, fut décimée en conséquence de la “rafle des Hellènes” à Paris le 5 novembre 1942.  Sarah Frantzi-Romano et Estelle Romano, une de ses filles, sont prises au piège, á l’appartement et cabinet dentaire en locaton au 58 rue de Saussures Paris 17. Les membres de la famille Romano vivant à l’adresse de la rue Basfroi à Paris 11 sont arretés de leur côté. Un récit détaillé des circonstances de leur arrestation se trouve à la fois dans l’article du blog de Robert Romano https://muestros-dezaparesidos.org/la-vie-de-rouben-romano-racontee-par-son-petit-fils/ et dans le livre récent de Laurent Joly, Dénoncer les Juifs sous l’Occupation : Paris, 1940-1944 (Paris, CNRS Editions, coll. “Seconde guerre mondiale”), pp. 65-66. Pour quelques documents complémentaires voir l’article ci-dessous “D’autres martyrs de Cayeux-sur-Mer : Sarah et Estelle Romano”

Léon Romano, mari de Sarah et père d’Estelle, avait fait construire une residence à Cayeux-sur-Mer dans la Somme dès années 1927-1930. Cayeux-sur-Mer, proche de Paris, était devenu un endroit de vacances pour toute la famille émigrée avec le père de Léon, Rubén Romano, son épouse et toute la fratrie ainsi qu’en attestent les photographies de famille.

Je tiens à remercier Mme Irène Tenèze,  petite fille de Léon Romano et de Sarah Frantzi-Romano et nièce d’Estelle Romano; et M. Robert Romano, petit fils de Rouben Romano, pour le prêt des images; également M. Alexandre Litwak pour sa participation du côté de la famille et  pour son aide technique. Remerciements  également à Mme Tenèze pour le commentaire personnel qui accompagne les photos (DR/IT 10/2022)

COMMENTAIRE DE IRÈNE TENÈZE POUR ACCOMPAGNER LES PHOTOS

PHOTO DE FAMILLE, A GAUCHE ASSIS Léon Romano avec Rachel sur ses genoux. A sa droite à son tricot Sarah Frandji (Frantzi)-Romano son épouse, devant elle Irène et Estelle Romano. Ma mère (Irène) pose sa main sur le chien couché et Estelle montre une ardoise au chiffre 549 dont le sens ne m’est pas connu. Je ne reconnais ni ne connais les autres personnes adultes et enfants de cette photographie prise à Cayeux-sur-Mer sur la promenade des planches devant les cabines de plage. La famille entière émigrée de Salonique (Grèce) prendra l'habitude de séjourner à Cayeux et Léon Romano fera construire une maison pompeusement appelée Villa Romano dès 1927-1930 dans une rue excentrée au milieu des prés pour les vaches. A l'époque, il n'était pas question de tout-à-l'égout ni de "confort moderne".

COMMENTAIRE DE MME TENÈZE (SUITE)

La Villa Romano a été considérée comme "bien juif" pendant l’occupation de la France. Elle était décorée d'un médaillon avec son nom “Villa Romano”et pour le centre de sa minuscule cour, Léon Romano avait fait installer une étoile de David en céramique à la façon de l'artisanat grec. La décoration de la cour a été martelée pendant l'occupation. Le nom est resté intact. Je ne sais pas comment Léon Romano a récupéré son bien en 1945.

PHOTO: L‍éon Romano avec Sarah (à gauche), son épouse et Marie (au centre) sa sœur avec Irène, Estelle et Rachel à Cayeux-sur-Mer. Marie, en 1942, avait réussi à rejoindre son mari Jacques Arditti, évadé, en passant la ligne de démarcation avec ses deux fils en bas âge.

Commentaire sur les photos de Irène Tenèze, Septembre, 2022

PHOTO: Sarah Frantzi-Romano et ses 3 filles Irène, Estelle et Rachel devant la cabine de la famille. De l’évidence Léon Romano et son épouse n’étaient pas Juifs pratiquants et élevaient leurs filles dans un cadre français et laïc tout en préservant au sein de leur foyer des habitudes grecques et ottomanes. Ils parlaient certainement le ladino, le grec, le turc…Sarah et Estelle Romano ont été arrêtées par la police française en 1942 avec l'aide inconsidérée d’un voisin, au 58 rue de Saussure à Paris 17. Léon Romano et son frère Lieto étaient revenus pour le couvre-feu dans un appartement loué pour se cacher. Sarah et Estelle retenues par des préparatifs des fiançailles d'Estelle ont raté le couvre-feu. Rubén Romano, le père de Léon et Lieto, vivait avec les autres membres de la famille rue Basfroi, Paris 11 - d'où tous ont été raflés. Irène Romano, ma mère, et sa sœur Rachel étaient passées seules en "zone libre".

Thursday 10.27.22
Posted by David Rosenberg
 

UNE CARTE DE PARIS SOUS L’OCCUPATION : OBJET D’UNE NOUVELLE EXPOSITION ?

J’aimerais qu’on fasse une carte de Paris pendant l’Occupation, une carte qui prendrait sa place dans une exposition complémentaire à l’exposition “Etre Juif dans la Somme, 1939-1945.” La carte montrerait les lieux d’habitation des Juifs de la Somme à Paris, les adresses où ils étaient arrêtés/raflés ou celles où ils se cachaient. Car le nombre de Juifs de la Somme arrêtés/raflés à Paris est égal ou presque au nombre de ceux qui ont été arrêtés sur place dans la Somme. 

Parmi les 68 personnes dénombrées pour la ville d’Amiens sur le Registre des Déclarations d’Israélites d’octobre 1940 environ un tiers se trouvait désormais à Paris. Les familles Kahn et Haïta, les sœurs Grinfeder, et les refugiées de l’Est que les autorités ont chassées d’Amiens en décembre 1940, comme Paul Kammermann,  Alice Klepetar, Max Speth, Jacob et Charlotte Katzenelle, et Alfred Wolkenstein par exemple, sont dans cette catégorie.  Il y avait également des Juifs venus des pays de l’Est ou d’Asie Mineure qui résidaient à Amiens ou ailleurs dans la Somme pendant les années 1920 et 1930 et qui ont quitté le département avant le recensement d’octobre 1940 pour des appartements parisiens : Natan Faktor et Liézer Eskenazi en sont des exemples pour Amiens ainsi que la famille Romano de Cayeux-sur-Mer.

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Fiches de réfugiés de l’Est expulsés d’Amiens en décembre 1940, qui sont venus habiter les appartements du 9eme arrondissement à Paris avant d’être internés et déportés. (Source CDJC) La famille Kahn, française depuis plusieurs générations, demeurait rue Condorcet dans le 9ème avant d’être raflée en 1944.  La famille Aranias (voir photos dans un article plus bas) résidait rue d’Abbeville sans avoir été découverte. 

Une nouvelle exposition pourrait explorer les circonstances au cours desquelles ces gens et d’autres se sont déplacés de la Somme et les circonstances de leur vécu dans la capitale. On a déjà quelques éléments de leurs histoires, des photos, documents et témoignages, dont certains sont déjà visibles sur ce site.  Il reste à poursuivre des recherches complémentaires dans les archives parisiennes et d’intégrer toutes nos informations dans un seul tableau.

Pour être complet, il faut ajouter des personnes arrêtées aux alentours de Paris comme Jacob et Etel Birenbaum et leur fille Georgette ainsi que celles qui ont été internées dans les camps du Loiret avant d’être déportées comme Cilly Affenkraut, Irma Epstein, et Max Mauner et sa famille. On peut aussi signaler un nombre de personnes domiciliées à Paris pendant la guerre qui avait des propriétés ou des résidences secondaires dans la Somme, surtout sur la côte picarde, pour lesquels on a lancé des procédures d’ “aryanisation.”

Qu’on se souvienne de tous ces gens quand on parle de la Shoah dans la Somme !


Friday 09.30.22
Posted by David Rosenberg
 

SAPIR : UNE CONFUSION ENTRE PÈRE ET FILS?

cliquer ici Archives Nationales, AJ 38 5072-5075 (micro)/image # 3174

Parmi les martyrs dont les noms figurent sur la plaque mémorial inaugurée dans l’ancienne synagogue d’Amiens en 1947, on trouve celui de « Camille SAPIR ».

Mais je crois que c’est une erreur ou un malentendu. Il y avait un Henri SAPIR dentiste à Amiens dont le cabinet se trouvait au 41 rue de Beauvais et pour lequel comme Israélite étranger les autorités avait établi en mai 1941 une « fiche individuelle. »  Son cabinet ayant été détruit dans les bombardements de mai 1940, Henri SAPIR se serait déplacé à Paris quelques temps après. (1)  

cliquer ici Screenshot CDJC, "Sapir, Ikio" Page de la liste pour convoi No. 55

Toutefois ce n’est pas lui qu’on repère sur les listes des convois de déportés au Centre de documentation juive contemporaine, mais un certain « Ikio SAPIR » « ébéniste » né lui aussi à Kotelna ( Russie) mais en 1883, tandis que Henri SAPIR est né en 1909. On peut penser que Ikio SAPIR (le déporté) est sans doute la même personne que « Kiva » SAPIR « ébéniste » né à Kotelna et décrit sur la fiche individuelle comme le père de Henri. Ce serait alors Ikio/Kiva le martyr.  Mais d’où vient le prénom « Camille » sur la plaque de  l’ancienne synagogue ? 

(1) Note : Selon le préfet de police à Amiens Henri SAPIR habitait Paris « de l’évacuation d’Amiens » mais il était à Amiens pour se faire enregistrer en mai 1941 ( ?).

Saturday 09.10.22
Posted by David Rosenberg
 

MONSIEUR YANNY

Cliquer ici Source:  CDJC micro MK 490.33 0747 Archives du Yivo-U.G.I.F. copie au CDJC, Memorial de la Shoah, Paris

Dans un document de mai 1941 dans lequel le Commissaire de Police Dubert signala le déplacement à Paris de la famille Haïta (voir infra), mention fut faite de trois autres déplacements : Eléanore Brull née Lauterbach qui se serait installée  à Famechon (Somme) en janvier 1941 et Henri Sapir et Avran Yanny qui ont dû quitter Amiens pour Paris, Sapir “de l’evacuation” et Avran Yanny le 8-3-1941. Sur Eléanore Brull et Henri Sapir nous avons des renseignements dans d’autres documents de la sous-série AJ 38, mais Monsieur Yanny est un mystère.

Un jour au CDJC à Paris -- dans un microfilm ayant rapport à l’Union Générale des Israélites de France  où j’ai découvert les fiches/photos qui constituent la base de l’exposition “Etre juif dans la Somme” -- j’ai tombé sur une  “LISTE DES EMPLOYES ETRANGERS ET APATRIDES DE L’U.G.I.F. PROTEGES AINSI QUE LEUR FAMILLE PAR LA CARTE DE LEGITIMATION.” et au bout de la liste “YANNY, Avram, né 7/10/903 à Constantinople. Nationalité Turque. Adresse 2 Impasse St. Sebastien. Carte no. 1333”  Un autre document indique qu’il travaillait dans la Cuisine comme auxiliaire  (“Küchen und Arbeiter” “Aushilfe-Personnel.”)

On sait qu’à la fin les “cartes de legitimation” de l’U.G.I.F. n’ont pas pû protéger ceux ou celles qui les possedaient, -- viz. le cas de Raymond Schulhof et sa famille parmi les Amienois -- mais je ne trouve pas dans la base de données du CDJC qu’Avram Yanny serait jamais déporté.

Sur Henri SAPIR voir un article à suivre.

Sur Eléanore BRULL née LAUTERBACH, voir “Refugees from the East” http://www.jewsofthesomme.com/new-page Son ex-époux Julius BRULL fut déporté à Auschwitz par le convoi no. 57 le 18 juillet 1943.



Monday 08.29.22
Posted by David Rosenberg
 

SAMUEL OBELER, CONSEILLER MUNICIPAL PERSÉCUTÉ : NOUVELLES IMAGES ET NOUVEAUX DOCUMENTS TRANSMIS PAR MME ANNIE SCHNEIDENBACH SA PETITE FILLE

Samuel Obeler dans sa chambre 13, rue Camille St-Saëns, Amiens, avant la guerre [Collection de Mme Annie Schneidenbach].

Il fut le premier à se conformer à l’ordonnance aux termes de laquelle les Juifs devaient se présenter au Commissariat de Police pour se déclarer, tout en précisant que sa femme et ses deux enfants étaient catholiques. (15 octobre 1940)

Attestation par Léon LOURIA, AJ 38 5072 4311, 12 mai 1941. Léon Louria fut parmi les déportés à Auschwitz en janvier 1944.

Commandant du Stalag XIII-A, Certificat pour Jacques Obeler, prisonnier de guerre, 15 avril 1942. Il reçoit 50 Reichs Marks pour son acte d’héroisme. Collection privée de Annie Schneidenbach

Il déclara peu de temps après, le 15 décembre 1940, dans une lettre au préfet Pelletier qu’il devait être lui-même rayé du Registre de Déclarations, ses ancêtres du côté maternel étant, selon ses informations, non Juifs.

Il recevra de Monsieur Léon Louria, Président de la Communauté Israélite de la Somme, une attestation selon laquelle il n’avait jamais été membre de la Communauté Israélite. (12 novembre 1941)

Tout cela ne servit à rien. Il fut maintenu sur toutes les listes des Juifs d’Amiens au Commissariat de Police et de la Préfecture. Représentant de commerce de profession, il travaillait, selon un document en date d’août 1941, comme employé de bureau aux Ets Verdier Dufour, 251 rue de Crimée à Paris, un poste, réel ou inventé, qui devait satisfaire aux nouvelles interdictions pour les Juifs d’occuper des positions d’autorité dans les entreprises ou de pratiquer celles qui nécessitaient un contact avec le public. Faisait-il la navette entre Amiens et Paris ? Il devait résider à Paris selon une source de l’époque.  Sa petite fille qui l’a connu après la guerre dans les années 1950 et 1960 se souvenait d’un « grand voyageur ». 

Au Commissariat de Police d’Amiens, le 3 juin 1942, Samuel Obeler émargea pour la réception de ses trois étoiles jaunes. Il écrivit le même jour aux autorités pour demander une dérogation du port obligatoire de l’étoile jaune en citant sa nationalité française, son service militaire et sa pension d’invalidité, la confession catholique de sa femme et de ses enfants et en alléguant que son fils, actuellement prisonnier de guerre français en Allemagne, avait été cité à l’ordre du Stalag XIIIA par le Commandant « pour le sauvetage d’une jeune fille allemande. »  Bien que le préfet semblât favorable à sa demande, il n’y a aucune preuve que la dérogation fut accordée à lui et aux trois autres juifs amiénois (Ferdinand Kahn, Raymond Schulhof et Lucien Aaron) qui ont sollicité de pareilles exemptions. Les fiches/photos, qu’on connaît, étaient constituées à cette époque, dont une pour Samuel Obeler, mais à part cela aucune documentation le concernant n’apparaît dans la sous-série AJ 38 de juillet 1942 á la Libération. Pourtant, parmi tous les juifs de nationalité française qui avaient signé pour obtenir leur étoile jaune en juin 1942, Samuel Obeler fut pratiquement le seul à avoir échappé à la rafle du 4 janvier 1944. Mais quand? et comment? 

Récemment j‘eu le plaisir de pouvoir échanger avec Mme  Annie Schneidenbach, petite-fille de Samuel Obeler et fille de Simone Schneidenbach née Obeler. Mme Schneidenbach m’a éclairé sur le sort de son grand-père et de sa famille, y compris sur son mode d’évasion.  En 1942, selon le récit familial, Samuel Obeler, agée déjà de 60 ans, avait pris une bicyclette et roulait environ 600 km pour traverser la ligne de démarcation et atteindre le département de la Vienne. Là il a echappé l’arrestation peut-être à l’aide de faux papiers, avant de se joindre à la Résistance. (voir en bas les cartes d’identité)

Madame Schneidenbach a eu également la gentillesse de faire des scans de quelques photos et documents en sa possession et nous donne sa permission de les mettre sur le site de jewsofthesomme.

Sources de l’article : registre de déclarations, sept/oct 1940 AJ 38 5076 569 ; lettre au Préfet Pelletier, 15 décembre 1940, AJ 38 5072-75 2834 ; lettre au Préfet re dérogration étoile jaune, AJ 38 5072 1162 ; “travaille comme employé du bureau Ets Verdier”, Arch. mun. Amiens (rue Riolen), 25 août 1941, 4 H 4 129 ; Jeanne Coinon, née Mahlberg, dont le mari Robert Coinon, libraire, avait émargé pour elle dans le registre d’étoile jaune, a quitté Amiens à la fin de juin 1942 et par cette fugue a échappé, comme Samuel Obeler, à la rafle du 4 janvier 1944. registre d’étoile jaune AJ 38 5072 1207 (voir “Dora Bruder” infra)

Pour une notice politique et biographique sur Samuel Obeler qui fut Conseiller Municipal de la ville d’Amiens entre 1935 et 1940, et puis entre 1945 et 1947, voir l’article de M. Julien Cahon dans LeMaitron en ligne.

View fullsize 1932 Samuel OBELER en promenade avec un ami et sa fille Simone.
1932 Samuel OBELER en promenade avec un ami et sa fille Simone.
View fullsize Samuel OBELER avant 1940 à Amiens, 13 rue Camille Saint Saëns. Annie SCHNEIDENBACH habitait dans cette maison avec ses grands parents de 1947 à 1957.
Samuel OBELER avant 1940 à Amiens, 13 rue Camille Saint Saëns. Annie SCHNEIDENBACH habitait dans cette maison avec ses grands parents de 1947 à 1957.
View fullsize 1947 Photo de famille après guerre
1947 Photo de famille après guerre
View fullsize 1949 Samuel OBELER à la plage à Berck sur Mer en Picardie avec ses petites filles Annie (28 mois) à droite et Brigitte (sa sœur 14 mois) à gauche.
1949 Samuel OBELER à la plage à Berck sur Mer en Picardie avec ses petites filles Annie (28 mois) à droite et Brigitte (sa sœur 14 mois) à gauche.
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Sunday 07.31.22
Posted by David Rosenberg
 

DORA BRUDER ET LES REGISTRES DE L’ETOILE JAUNE DANS LA SOMME

En juillet 2011, j’ai découvert le brillant ouvrage de Patrick Modiano Dora Bruder. Tant d’aspects de cette enquête/mémoire m’interpellaient d’autant plus que je me trouvais engagé à cette époque dans des recherches similaires concernant les Juifs de la Somme.

A un certain moment, l’auteur, qui cherche plus de  renseignements sur la fugue de l’adolescente Dora en 1941-42, consulte les archives de la Préfecture de Police à Paris pour voir si l’enregistrement d’une audition entre Ernest Bruder, père de Dora, et le Commissaire de Police du quartier de Clignancourt aurait laissé plus qu’une simple mention. Mais le procès verbal n’a pas survécu et Modiano est incité à commenter la destruction de ces précieux témoignages historiques :

« Sans doute, détruisait-on, dans les commissariats, ce genre de documents, à mesure qu’ils devenaient caducs. Quelques semaines après la guerre, d’autres archives des commissariats ont été détruites, comme les registres spéciaux ouverts en juin 1942, la semaine où ceux qui avaient été classés dans la catégorie « juifs » ont reçu leurs trois étoiles jaunes par personne, à partir de l’âge de six ans. Sur ces registres étaient portés l’identité du « juif », son numéro de carte d’identité, son domicile, et une colonne réservée à l’émargement devait être signée par lui après qu’on lui eut remis ses étoiles. Plus d’une cinquantaine de registres avaient été ainsi ouverts dans les commissariats de Paris et de la banlieue ». (Editions  Gallimard, collection folio, 1999,  p. 76).

Cette observation devait avoir pour moi avec les années un retentissement particulier. Une visite aux Archives Nationales à Pierrefitte-sur-Seine en août 2014 m’a permis de découvrir la Sous Série AJ 38, Archives du Commissariat Général aux Questions Juives et précisément l’un de ces registres d’étoiles jaunes, non pour Paris, mais pour Amiens. 

View fullsize Source : Arch. nat.,  AJ 38 5073-75 micro 1207
Source : Arch. nat., AJ 38 5073-75 micro 1207
View fullsize Source : Arch. nat.,  AJ 38 5073-75 micro 1208
Source : Arch. nat., AJ 38 5073-75 micro 1208

La brutalité de la conception de ce document, qui a sans doute incité Modiano à décrire sa structure même en l’absence des documents eux-mêmes, m’a conduit à écrire un article qui voulait évoquer son contexte dans la Somme. Plus tard dans un dossier de la Sous préfecture d’Abbeville, j’ai trouvé une page où les juifs de cette circonscription ont dû « émarger » pour obtenir leurs étoiles et une autre où le Sous-préfet proposait d’envoyer leurs points de textile au préfet.

View fullsize Arch. dép. Somme  26 W 679, Sous-préfecture d'Abbeville
Arch. dép. Somme 26 W 679, Sous-préfecture d'Abbeville
View fullsize Arch. dép. Somme  26 W 679, Sous-préfecture d'Abbeville
Arch. dép. Somme 26 W 679, Sous-préfecture d'Abbeville

La présence des registres de l’étoile jaune pour Amiens et la Somme ainsi que leur absence apparente pour Paris et sa banlieue suscite cette réflexion. Dans combien de juridictions de la France est-ce que ces registres d’étoile jaune existent et combien sont incomplets? A-t-on pensé à entreprendre un sondage à l’échelle de la Nation ?

J’ai eu la même curiosité concernant un autre document type qui se situe au vrai centre de ce projet : les fiches avec photos de juin 1942 créés en même temps que le registre de l’étoile jaune pour Amiens et trouvées d’abord dans les dossiers de la Préfecture de la Somme avant d’être transférées, comme celui-ci, à Paris en Novembre 1945. Ces fiches curieusement semblent avoir été faites à la requête du Ministere des Finances, Service national des Statistiques, Direction Régionale de Rouen !  J’ai  communiqué avec quelques archivistes et organismes hors de la Somme pour savoir s’ils détiennent des fiches/photos similaires mais jusqu’ici sans résultât. 

Il y a des documents qui demandent à être « ouï » pour ainsi dire et qu’il ne faut absolument pas  laisser languir dans les archives. La presence des fiches/photos et des registres de l’étoile jaune dans la collection AJ 38 permet de mieux comprendre le tournant pour les juifs de la Somme qui fut le printemps de 1942. Les lettres de plusieurs d’entre eux dans le même fonds,laissent entendre à cette epoque leur angoisse.

LETTRES EN FRANÇAIS, 1940-44

LETTRES EN FRANÇAIS, DEUXIÈME SÉRIE

L’ÉTOILE JAUNE DANS LA SOMME: MISE EN PLACE ET RÉSISTANCE (article)

1942 Yellow Star (documents)

Tuesday 07.19.22
Posted by David Rosenberg
 

SAUT À LA CORDE : UN SOUVENIR DE RACHEL HAÏTA

Par David Rosenberg

Un ami amiénois, connaissant mon intérêt, m’a proposé un jour de rendre visite à sa grand-mère dans une maison de retraite près d’Amiens. Elle lui avait souvent parlé, disait-il, d’une camarade de classe de son enfance à Amiens dans les années 1930, une jeune fille juive du nom du Rachel.  

Je ne me rendis compte au début de notre entretien de qui il se pouvait s’agir. La grand-mère avait environ 92 ans.  Rachel a dû naître comme elle vers 1925. Elle se souvenait d’une personne un peu ronde, peu sportive, et maladroite au saut à la corde. C ‘était à l’École Lavallard, un « cours complémentaire. »

Elle m’explique qu’après la guerre elle avait demandé à une connaissance, membre de la famille Cario, ce qui était arrivé à Rachel et se vit répondre qu’elle était morte.  La grand-mère de mon ami supposait que sa camarade de classe avait dû périr dans les camps. Cette triste nouvelle était associée à son souvenir d’une fille qui ne savait pas sauter à la corde.  Bien sûr qu’elle ne pouvait pas survivre à la vie dans les camps, pensait-elle ! Cette réflexion avait entraîné une souffrance tout au long de sa vie lorsqu’ elle y pensait.

Nous avons fini par nous apercevoir qu’il s’agissait de Rachel HAÏTA, une des six enfants de Nissim Haïta et Grassia Haïta née Saidon, commerçants, immigrés de Turquie à Amiens vers 1930. Leur commerce de tissus, lingerie, bonneterie et confection se trouvait 42 rue de Beauvais, et leur maison 4 rue Péru Lorel. Leur fils Isaac avait fait sa bar-mitzvah dans la nouvelle synagogue d’Amiens en 1937. Je savais à partir de mes recherches que la famille avait dû quitter Amiens au debut de 1941 pour aller habiter provisoirement 75, Boulevard Voltaire, Paris 11ème mais Nissim fut arrêté au cours de la rafle dans le 11e arrondissement en août 1941 et interné à Drancy. Il ne fut pas déporté mais mourut des suites d’une maladie à Drancy le 23 mars 1942 à l’âge de 36 ans.

AJ 38 5072-75 micro/3133, 10 mai 1941. Le Commissaire de Police Dubert annonce au Préfet Pelletier le départ de la famille Haïta au 75, Blvd. Voltaire le 26 janvier 1941.

Pour informer la grand-mère de mon ami et avec l’espoir de la rassurer un peu, j’ai mentionné que les listes de convois de déportation n’incluaient aucun membre de cette famille et que plusieurs des sœurs de Rachel se marièrent après la guerre, à Amiens ou à Paris. Restait pourtant ce témoignage d’après-guerre…

C’est seulement plusieurs années après ma conversation avec la grand-mère de mon ami que l’on en apprit un peu plus sur le sort de Rachel Haïta. Par une lettre, écrite au Préfet de la Somme le 23 octobre 1942 Grassia demande de recevoir des subsides provenant de la vente de leurs propriétés (en train d’être aryanisés). En motivant sa demande elle offre ce triste témoignage:

75, Blvd Voltaire

23/10/1941

Monsieur,

J’ai reçu une lettre de mon Commissaire Gérant, Mr. COTTE, 95, rue Delpech à AMIENS (Somme), me disant qu’il ne peut m’envoyer des subsides sans votre autorisation.  Ainsi je me vois dans l’obligation de vous demander votre autorisation car je ne peux travailler ayant 5 enfants à charge et je viens de perdre dernièrement mon mari qui est mort à DRANCY à l’âge de 36 ans ainsi que ma fille à l’âge de 16 ans. Sinistrée d’AMIENS et ayant perdu tout dans cette guerre : mes biens, mon mari, et ma fille, les êtres qui me sont les plus chers, je suis sans ressources. C’est la raison pour laquelle je vous adresse cette demande dans l’espoir que vous le donnerez une suite favorable.

Agréer, etc. signé HAÏTA [Mme]*

Une page du “Registre des Déclarations Israélites”, où figurent Rachel Haïta et toute sa famille. AJ 38 5076-78 micro/570 cliquer ici

La jeune fille décédée mentionnée dans la lettre serait Rachel Haïta, née le 30 octobre 1925 à Paris, celle dont la grand-mère se souvenait. La lettre n’offre pas plus de détails.  Sa mort se situe au cours de la période marquée par l’internement et l’hospitalisation de son père.  A-t-elle vécu assez longtemps pour apprendre la nouvelle de son décès ? J’ai transmis ces renseignements et le mystère encore non résolu de son décès à mon ami pour les partager avec sa grand-mère.

ADDED NOTE 01/10/2022

Selon Lisa Vakil, une arrière petite fille de Nissim Haïta, Rachel serait morte à Paris d’une meningite. La notice du déces que Mme Vakil m’a voulu bien me transmettre est du 11 juillet 1942.

NOTES

*Copie de la lettre de Grassia Haïta au Préfet, AJ 38 5079-81 micro 3275

Monday 07.11.22
Posted by David Rosenberg
 

LA FAMILLE HAÏTA : UN AMIENOIS MORT A DRANCY

Nissim HAITA Feuille de Temoignage, Yad Vashem 2000

Désespéré, Nissim Haïta demanda au Préfet de la Somme l’autorisation d’être photographe. Né en Smyrne, Turquie, comme l’était son épouse Grassia, ils sont venus en France en 1924 et à Amiens en 1929 ou 30.  Ils avaient six enfants : Isaac né à Smyrne (il fit sa bar-mitzvah en 1937 dans la synagogue d’Amiens), Rachel et Anna nées à Paris, et Sara, Jacqueline, et Jeannine nées à Amiens.  Ils établirent rue de Beauvais dans les années 1930, un commerce de tissus, lingerie, bonneterie, et confection à l’enseigne “Au Bradeur.” En mai 1940 les bombardements allemands détruisirent le magasin.  Haïta érigea un baraquement sur l’emplacement et s’efforça de faire tourner l’affaire. 

Archives Nationales, Drancy Fiches

Les autorités avaient une autre idée.  Déterminées à « aryaniser » les commerces qui étaient la propriété des Israélites, elles décrétèrent entre autres la liquidation de « Au Bradeur. » Monsieur Gense, le commissaire gérant, le traita d’ « affaire d’origine parasitaire ».  Nissim Haïta passa quelques semaines, forcément tristes, voyant son stock vendu à bas prix et dont il ne devait toucher qu'une infime partie de sa valeur.

Entre-temps et provisoirement il fit installer sa famille à Paris, au 75, Boulevard Voltaire (11eme arr.).  Dans les premiers mois de 1941 la liquidation de son commerce et la vente de ses licences commerciales à Amiens devenant définitives, il ne vit pas de meilleur recours que de devenir photographe et de sillonner les marchés du département de la Somme pour gagner sa vie. Si cela réussissait, le retour des siens à Amiens serait envisageable.

Le Préfet de la Somme, M. Pelletier, écrivit aux autorités militaires allemandes relayant la requête de M. Haïta.  Est-ce que la Feldkommandantur voyait un inconvénient à ce que cette permission soit accordée à M. Haïta ?  La décision des autorités militaires allemandes fut plutôt négative.  Dans une correspondance du 28 avril 1941 les autorités indiquaient que la possibilité pour un ex-propriétaire juif de devenir cordonnier dans un lieu où il y avait un manque de tels artisans était concevable, mais la permission accordée pour devenir photographe ne l’était point. 

Quatre mois plus tard en août 1941, Haïta fut arrêté en Paris au cours de la rafle du 11ème arrondissement.  Envoyé à Drancy, il fut hospitalisé en novembre 1941 pour maladie puis renvoyé à Drancy le 6 mars 1942. Toujours malade, il est mort à Drancy le 23 de ce mois à l’âge de 36 ans.

Les souffrances de la famille après cet événement tragique se firent sentir dans une lettre écrite par Grassia au Préfet de la Somme Gaston Mumber en octobre 1942.  Elle demanda au Préfet que les subsides qui lui étaient dus pour les propriétés en cours d’aryanisation lui soient remis.  Elle faisait référence à la mort de son mari, et aussi à celle d’une de leurs filles, âgée de 16 ans.  (Cette fille serait donc Rachel, l’enfant née en 1925).

Un autre document, celui-ci du 30 décembre 1944 fait référence à deux enfants décédés dans cette famille.  Selon Lisa Vakil, une arrière petite fille de Nissim Haïta, Rachel serait morte d’une meningite et l’enfant décédée en plus de Rachel est Françoise, morte à 6 mois. Isaac, le seul fils et l’aîné de la famille, serait décédé en 1945.

Les quatres autres enfants, trois filles nées à Amiens et une fille, Anna, née à Paris, ont tous survécus à la guerre: Sara Haïta se maria en 1954 à Amiens; Jacqueline se maria en 1952 à Paris; et Jeannine se maria en 1961 à Paris. Cette dernière remplit une “feuille de témoignage” pour Yad Vashem en l’an 2000, fournissant une petite photo de son père, la seule image de Nissim Haïta que l’on possède.

Notes: Famille, Registre de déclarations des israélites, Amiens, octobre 1940 et état civil ville d’Amiens ; “affaire d’origine parasitaire”, AJ 38 5072 2821, 8 jan 1941 (Louis Gense au Prefet) ; refus de permission d’exercer la photographie (Dr. B[auch] au Préfet, AJ 38 5073 2806, 28 avril 1941 ; copie lettre Grassia Haita au Préfet Mumber, AJ 38 5079-81 micro 3275, 23 octobre 1942; deux enfants perdus AJ 38 5084/2413, 30 décembre 1944. Voir aussi une lettre très peu humaine de M. Gense au Préfet AJ 38 5084-85, 23 septembre 1941 transcrite sur ce site http://www.jewsofthesomme.com/new-page-3 .

David Rosenberg, Pittsburgh, Pa.

Sunday 07.03.22
Posted by David Rosenberg
 
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